Fraichement élue à la tête de la FNEK (Fédération Nationale des Etudiants kiné), Bridoux Amaury a accepté de répondre à quelques questions sur l’année à venir, notamment sur les réformes proposées …. gros plan !
Le nouveau bureau de la FNEK vient d’être élu, vous êtes le nouveau président, pourriez-vous vous présenter ?
Chers amis de kiné-web bonjour, je suis Amaury Bridoux étudiant à l’IFMK de l’Université Catholique de Lille. Depuis ma 1ère année et l’organisation du 6ème Congrès de la FNEK à Lille en 2008, j’ai eu à coeur de prendre part aux différents débats animant notre formation initiale et notre profession. La rencontre de « grands » qui se donnaient corps et âmes pour défendre les étudiants kinés a été pour moi un déclic dans cet engagement.
– Ce début d’année 2010 a été marqué par une mobilisation de la profession et des étudiants pour la réforme des études, quelle sera votre mission pour l’année scolaire qui arrive ?
En effet, nous avons connu cette année une mobilisation sans précédent (2000 étudiants dans la rue le 9 mars 2010 ; soit 30% des étudiants kinés). Les étudiants ont su réclamer ce qu’il leur semble aller de soi : les mêmes droits que tous les autres étudiants (bourses gérées par les CROUS), le grade Master, l’accès à la recherche et enfin l’intégration totale à la première année d’études de santé (PAES) ou anciennement « L1santé ».
Notre mission sera de continuer à porter la voix de tous les étudiants auprès des instances ministérielles et dans les différents dossiers ayant cours, en particulier celui de la réingénierie du diplôme (refonte totale du programme de formation) ; d‘être une réelle force de proposition auprès de nos différents interlocuteurs.
La FNEK n’a pas seulement comme mission la représentation, elle met également à disposition des services aux étudiants, elle forme les associatifs et développe les événements solidaires dans les associations locales. Notre rôle est de continuer à développer tous ces aspects, ainsi que de participer à l’ouverture internationale de la kinésithérapie française.
– A ce sujet, on parle notamment d’une licence paramédicale, qu’en est-il réellement ?
Concernant la sélection en IFMK, Mr le député Jacques Domergue (déjà rapporteur du projet L1santé) a rendu le rapport de sa mission parlementaire il y a peu et envisage la création d’une L1 paramédicale. Celle-ci inclurait 14 professions à l’exception (pour le moment) des élèves en soins infirmiers. Cette L1 paramédicale serait d’après la mission uniquement « sélective » et « non formative », cela afin « de ne pas augmenter officiellement le temps d’études » et donc éviter toute revalorisation de nos professions. Faire une année universitaire sans la reconnaître serait une aberration pour les futurs étudiants. Nous nous affligeons de cette mesure. Nous n’en sommes qu’au stade d’un « avis parlementaire » et attendons impatiemment le rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) concernant la sélection des kinésithérapeutes.
– Le conseil de l’ordre a proposé la création d’une nouvelle profession « aide rééducateur », avec une formation englobée par les IFMK. Les professionnels se sont ouvertement opposés (Kine-web.com aussi), qu’en est-il et pensez-vous ?
Cette proposition a fait couler beaucoup d’encre chez nos confrères professionnels. Elle s’est faite sans la contribution des professionnels. Ceux ci voient d’un mauvais oeil l’arrivée de nouveaux professionnels qui nous « voleraient notre métier ». Il serait intéressant de regarder ce qui se passe chez nos voisins. En effet, de nombreux pays ont déjà ce genre de professionnels travaillant sous délégation du physiothérapeute et assurant les prises en charges « de bases » tel que le massage ou la « trottinothérapie ». On peut citer le Canada, les Etats-Unis ou encore les Pays-Bas par exemple. Ils sont là , non pas pour « voler notre travail », mais bien pour délester les phytothérapeutes de certains actes chronophages afin qu’ils puissent se consacrer aux prises en charge plus techniques dans une démarche d’amélioration de la qualité des soins.
L’arrivée d’une telle profession en France ne pourra se discuter que lorsque l’on connaitra les nouvelles compétences des kinésithérapeutes ainsi que leur niveau de sortie. Il faudra alors entamer la question de l’accès en premier recours et celle de la prescription kinésithérapique. Si une telle mesure venait à être prise, il faudrait cadrer un numérus clausus national et s’assurer de la possibilité logistique et pédagogique d’accueil des IFMK, notamment en termes de financement publics. Nous pourrions en profiter pour améliorer la prise en charge du patient à l’hôpital sans pour autant diminuer le nombre de postes de kinésithérapeutes salariés. Le débat a été ouvert par le CNOMK et ne se refermera pas de si tôt.
– Concernant la formation, la masterisation des études, que va t-elle apporter concrètement aux kinésithérapeutes qui travaillent en libérale (80% de la profession) ?
La masterisation des études est une problématique bien plus large qu’une simple « reconnaissance de niveau ». Il faut prendre conscience de nos compétences d’ingénieurs en santé, des possibilités de recherches cliniques et fondamentales, de l’accès en première intention et du devoir d’éducation en santé et de prévention. Cette masterisation leur apporterait plus de responsabilités, plus de devoir de résultats et un devoir réel de formation continue (même si tous ceux–ci sont déjà là à l’heure actuelle). Cette masterisation sera bénéfique à tous les niveaux, que ce soit pour la qualité de soins, la qualité de notre formation, l’intérêt du métier et l’attractivité salariale afin d’assurer au patient la meilleur prise en charge qu’il soit.
– Pour les concours d’entrées en mode Physique-Chimie-Biologie, comment les écoles privées (à but lucratif) accueillent elles le projet de supprimer ces concours ?
Comme j’ai pu l’évoquer plus tôt, la suppression du concours n’est pas encore clairement évoquée, je ne peux répondre à la place des directeurs concernés. Je les invite cependant à réfléchir sur l’intérêt pédagogique pour leurs étudiants de faire souvent 2 années (ou plus) uniquement sélectives et basées sur un programme du second degrés. Une année formative dans le cadre d’une licence universitaire en santé n’est elle pas plus bénéfique ?
– Pour finir, être étudiant kiné en 2010, en quelques mots ….
C’est avant tout une chance car nous avons pris une voie pleine d’avenir et en pleine extension. Nous sommes les premiers acteurs et seront les premiers bénéficiaires de réformes s’annonçant ambitieuses. Malgré tout, cela reste difficile du fait du coût engendré par nos études et le peu d’aides sociales auxquelles nous avons droit. Mais cela en vaut la peine. A tous les étudiants s’engageant dans cette filière, je souhaite bonne chance et bonne route pour cette prochaine année.
Plus d’infos sur : www.fnek.fr
Amaury BRIDOUX
suppléant CROUS de Lille
président de la FNEK
fédération nationale des étudiants en kinésithérapie.
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